Histoire et mémoire de l'immigration, lutte contre les discriminations : quelles articulations ? Par Suzana Dukic
L'ISCRA a conduit un travail d'étude et de recherche sur l'action publique en lien avec l'histoire et la mémoire de l'immigration. (CGET en 2015)
Le thème de la mémoire des habitants des quartiers de la politique de la ville et certains domaines de l’histoire (de l’immigration, de la colonisation…) sont des outils de l’action publique. Ils ont été mobilisés dans le cadre de politiques publiques qui se sont sédimentées, et parfois contredites, la politique de la ville, la rénovation urbaine, la politique d’intégration, la lutte contre les discriminations… mais aussi dans le cadre de l’action du ministère de la culture via les actions de démocratisation ou de démocratie culturelle. Bien qu’inscrits dans le cadre de ces politiques publiques, le lien entre référentiel d’action publique, historiographie et activités de mémoire est flou, ajoutant ainsi à la logique de sédimentation, des risques de confusion, de concurrence ou de contradiction référentielles... Si les pouvoirs publics ne cessent de confirmer l’intérêt de la mise en œuvre de projets d’histoire et de mémoire, les considérant comme des réponses pertinentes pour comprendre ou remédier à des dysfonctionnements dans la société, il reste que la définition même du problème à résoudre, et la place des premiers concernés (tour à tour objets d’histoire, porteurs de mémoire, et/ou auteurs), des professionnels, mais aussi des chercheurs et des artistes, n'est pas sans ambiguité. Comment, dans ces conditions, mobiliser l'histoire et la mémoire de l'immigration dans l'objectif de lutter contre les discriminations ?