« Quand les agents locaux s'abritent derrière une laïcité de précaution » Par Suzana Dukic
Diversité : "L'école et les valeurs. Charlie et après" (n°182, 4e trimestre 2015)
(Présentation du numéro) Suite aux attentats de janvier 2015, l'école, plus que les autres institutions, a été placée au coeur d'un dispositif mettant en avant le rassemblement autour des valeurs de la République, avec l'ambition de provoquer, dans l'école et à travers elle - au-delà, dans toute la société donc - un changement systémique. S'est ainsi engagé un chantier dont la tâche est immense - quels sens commun donner aux valeurs de la République, et à la laïcité tout particulièrement ? -, et la réflexion engage les relations que l'école peut entretenir avec les territoires. Ce numéro de Diversité propose, un an après les attentats, de poser les premiers jalons pour mieux comprendre et analyser les effets, attendus et réels, de cette année de mobilisation.
L'article de Suzana DUKIC analyse, dans le contexte des attentats de janvier 2015, un différend qui oppose, dans une grande ville française, une association d'accompagnement à la scolarité et un agent de l'Education nationale sur la légalité du port du voile pour les intervenants périscolaires. Il montre comment la municipalité tente d'arbitrer le conflit, en envisageant de négocier avec l'association une sorte de principe de précaution laïque, c'est-à-dire une forme de neutralité préventive, pourtant contraire à l'esprit de liberté de la loi de 1905.
Fabrice Dhume a également contribué à ce numéro. Son article revient sur le discours de l'institution scolaire qui, dans le contexte post-attentats de janvier 2015, fait du racisme l'un des thèmes majeurs de l'action éducative. S'appuyant sur une lecture attentive des textes produits par le ministère, il met à l'épreuve historique la thèse selon laquelle l'antiracisme serait une valeur intrinsèque du programme institutionnel de l'école publique. Il montre le caractère en réalité récent et ambigu de ce thème, pourtant présenté depuis quelques temps comme une "évidence".
Vous trouverez la publication en ligne de l’interview de Philippe Portier