Quelques éléments de problématisation sur l'anticomplotisme Par Pierre-Alain Guyot

Pour aller plus loin, quelques éléments de problématisation (Mars 2018)

Les théories du complot imposent une figure sombre, une forme comme inversée à celle des lumières dans ce que semble produire la raison humaine que ce qui transparaît dans la vie citoyenne, sous ses angles de la qualité de la vie politique et démocratique.

Cela ne suffit pourtant pas, loin s’en faut à les qualifier, ni à les comprendre. Cette compréhension peut s’engager sur au moins deux axes qui n’amènent pas aux même observations, ni aux mêmes parti pris de construction. Nous pouvons retenir deux perspectives.

Les catégorisations que l’on peut retrouver du point de vue des discours publics, ceux politiques, ceux scientifiques et enfin médiatiques. Il y a en effet une prolifération d’injonctions de tous ordres, des incitations de la part des ministères (éducation nationale, justice, intérieur par exemple), des observatoires des « fake news », de la « post-vérité », des réseaux sociaux et autres tentatives de déjouer ce qui ressortit de cette catégorie très générale.

L’approche peut également se mener « par en bas », en tentant de comprendre comment les théories du complot sont des formes de propos habités, repris, inventés, réinterprétés par des acteurs particuliers, dans des situations de travail contextualisées qu’il s’agit d’examiner.

Il n’y a pas de dichotomie entre ces deux entrées de réflexions, mais elles ne sont pas abordées de la même manière avec les mêmes épistémologies : une approche des problèmes publics dans un cas, une compréhension des logiques d’interactions entre acteurs n’ayant pas les mêmes places dans leurs échanges.

Nos perspectives dans le cadre de l’Iscra seront d’approcher les enjeux que recouvre ce travail d’identification de ce que sont les théories du complot dans l’arène très conflictuelle des débats publics, du fait de la confiscation rhétorique des pensées radicales, des dérives haineuses qui se donnent à entendre en lieu et se présentent comme des évidences sociales.