Une hospitalité conditionnelle Par Suzana Dukic
Le principe d'hospitalité, ville-école-diversité, 2008.
L’ « intégration » des immigrés dans la société dite « d’accueil , est au fondement de la « politique d’immigration » française, bien avant que la notion d’intégration ne soit érigée en « modèle » et traduite en « politique publique » au milieu des années 1980. Pourtant, l’exigence d’une contrepartie contredit, par définition, le principe d’hospitalité. En matière d’intégration qui plus est, il est un lieu commun d’entendre que celle des Espagnols en France a été « exemplaire » . Pourtant, à y regarder de plus près, la situation est plus nuancée. La région Languedoc-Roussillon qui constitue une destination privilégiée des immigrants ibériques tout au long des XIXe et XXe siècles est, de ce point de vue, un poste d’observation tout à fait intéressant.
Dans le cadre du présent article, nous proposons d’étudier, dans une perspective historique, « l’asymétrie » du rapport entre l’hôte accueillant et l’hôte accueilli dans la région Languedoc-Roussillon, dans les deux sphères où l’hospitalité s’exerce, i.e les sphères privée (l’accueil réservé au travailleur espagnol dans les domaines viticoles languedociens) et étatique (les différentes politiques de l’asile à l’égard des réfugiés républicains lors de la Guerre civile, de 1936 à 1939).